
Madame...

A côté de chez moi... une place, toute petite, elle est nouvelle. C'est un endroit stratégique pour rester connecté (borne, freepost, wifi, internet). Sur cette place des bancs, 1 place, 2 places pas plus. Nos anciens de la maison de retraite d'à côté viennent s'y assoir, seuls... Ils sont d'un autre temps, celui du dur labeur, celui des lettres jaunies par des maux, des joies, des larmes sèches écoulées le long de leurs visages maintenant flétris. Je me suis assis, près d'une dame de ce temps là. Elle était immobile, les yeux dans le vide, fixant peut-être un des moments de sa vie passée. Son regard s'est tourné vers moi et de sa voix frémissante m'a dit:
"il est rare de voir des personnes comme vous venir s'assoir ici."
Sans y réfléchir j'ai répondu que c'était pourtant un endroit de passage (via facultés d'à côté).
"Vous avez en vous une lumière que votre tristesse cache, une peine récente?" m'a t-elle répondu. Sans en expliquer la raison, j'ai répondu...oui. Elle a pris ma main, l'a serrée de toute la force qui lui reste et m'a dit ces derniers mots:
"Vous avez, je sens, dans votre cœur un amour irréprochable, lorsque vous le donnez, la jalousie de certains vous entourent. Ne changez pas."
Une voix extérieure a retenti, il était temps pour elle d'aller déjeuner. Elle a lâché ma main, s'est levée avec peine et s'en est allée sans se retourner. Je suis resté figé, mes mains ont pris ma tête et des larmes ont coulé.
Une rencontre... Bonne journée MADAME! .
Didier BARBE